Perçus à l'origine comme un phénomène éphémère, les réseaux sociaux ont sur convaincre et conquérir l'ensemble des sociétés mondiales et représentent désormais un phénomène universel capable d'influencer la perception de l'information par les individus, notamment auprès des plus jeunes générations. La progression constante et massive du phénomène a provoqué un véritable raz-de-marée numérique de l'information, obligeant les médias et les professionnels de l'information à accepter, comprendre, se réformer et s'adapter, contraints et forcés à s'aligner sur ce nouveau mode de communication, sous peine de disparaître.
Le choc des réseaux sociaux au sein des médiasL'introduction des réseaux sociaux dans la société de l'information a créé autant d'impact que l'avènement de la télévision dans les différentes couches de notre société moderne, en apportant une information plus en phase avec les attentes de son audience, comme a su le faire la télévision vis-à-vis du papier journal, à qui l'on reprochait à l'époque l'indissociable vue partisane de ses auteurs. La télévision constituait ainsi un rendu plus factuel de l'information au travers de l'image. Surtout, la télévision a été introduite et démocratisée principalement par les médias qui se la sont accaparer en tant qu'outil intrinsèque à leur profession. Alors pourquoi les réseaux sociaux ont-ils remplacé la télévision dans l'esprit de nos plus jeunes générations ? Avant tout parce que, à l'heure de l'hyper-consommation d'information, ceux-ci apportent une information qui n'existait que très peu à l'époque : le point de vue de ses pairs, mêlant à la fois faits et opinions. Opinions dans laquelle l'audience se retrouve cette fois-ci, sans pour autant y reconnaître une quelconque manipulation puisque l'information cette fois-ci est locale et associée à un groupe défini par l'audience elle-même. Ce transfert de confiance et d'attention vers les réseaux sociaux a obligé les médias à accepter leur caractère incontournable et incontrôlé, tout en menant une réflexion sur leur rôle et avenir à terme.
Dans leur phase d'adoption des réseaux sociaux, les médias traditionnels ont dû redéfinir leur compréhension des outils numériques et leur impact auprès de leur audience. En effet, cette dernière ayant à sa disposition le même niveau d'outils, elle a su s'en emparer et s'exprimer en lieu et place des médias plus rapidement qu'eux. Dépassés par une audience dictant les règles de fond et de forme de la communication moderne au travers de terminaux mobiles (smartphones et tablettes), les professionnels de l'information ont dû accepter d'abandonner leur position d'autorité et d'être ainsi relégués qu'à un rôle de contribution. Aux côtés du public, il sont devenus des diffuseurs de dépêches, fuites, rumeurs, vérifiés ou non, an grand dam des déontologues de la profession, qui dénonce une bataille de l'attention perdu d'avance contre son propre public, désormais plus informé. La création de l'information n'ayant plus la même valeur qu'autrefois, c'est donc la manière de la commenter qui constitue le coeur du métier de journaliste aujourd'hui.
Autre danger, les fake news, fausses actualités portant atteinte à l'intégrité des économies, des institutions et des individus généralement à but politique, sont un véritable fléau qui s'abbat sur la crédibilité des médias, de plus en plus victimes de leur manque de vérification des informations et de leur véracité (source, témoins, experts, légalité, etc.). Ce phénomène a marqué au plus profond la société jusqu'à peser dans les élections de nombreux pays (Etats-Unis, Royaume Uni, Françaises, etc.) et créer un doute sérieux quand à la profession de journaliste dans cette nouvelle ère.
Une reconstruction inachevéeCette crise existentielle des professionnels de l'information face aux réseaux sociaux est bien réelle et continue de peser dans leur rapport au public, ne sachant plus si revenir à une position dominante dans la communication de l'information constitue un but en soit. Car avancer vers cet objectif comporte une concession de poids : adopter une logique stratégique en négociant sa position directement avec les réseaux sociaux. L'autre alternative, compatible avec les idéaux et principes de la profession est de se distinguer auprès du public en apportant une information de qualité à même de s'élever parmi la masse et fidéliser un public large, exigeant et au pouvoir d'achat à même d'assurer la survie et prospérité des médias. Ces modèles de business continuent de faire l'objet d'expériences plus moins réussies, démontrant une réflexion inachevée de la part des médias. La cohabitation entre les réseaux sociaux et les valeurs des professionnels de l'information reste ainsi une situation difficile à supporter.
Amplificateurs ou nouveaux remplaçants, les réseaux sociaux ont imposé une forme et un rythme aux médias nécessitant une mutation profonde des métiers de la communication de l'information. Le journaliste doit adopter ces nouvelles règles et se remettre en cause, sous peine de disparaître... Au profit de qui ?
