L'avènement de nombreuses nouvelles technologies a permis aux états de développer des programmes de surveillance de masse dont le potentiel rivalise avec les plus grands ouvrages littéraires et cinématographiques sur ce thème, tels que 1984 de George Orwell ou V For Vendetta. Fantasme de dirigeants mégalomanes ou véritable réponse à des besoins sécuritaires ?
Pourquoi surveiller ?
Les systèmes de surveillance peuvent non seulement être mis en place par des gouvernements mais aussi par des entreprises ou toute autre organisation privée non gouvernementale qui dispose de moyens suffisants. Au delà de l'opinion que tout un chacun aura sur l'aspect nécessaire, moral ou non de cette démarche, les technologies engagées et leur résultat suscitent un intérêt technologique particulier.
A l'origine, les principaux champs d'applications des programmes de surveillances étaient la sécurité (surveillance des communications, des territoires et des frontières), le contre-espionnage et l'intelligence économique, cibles stratégiques des gouvernements. Ces derniers doivent tenir compte d'autres acteurs tout aussi avides de données pour se développer ou conforter leur position : les entreprises et les organisations non gouvernementales, plus intéressées par les données de types médicales, personnelles (orientation sexuelle, loisirs, opinions politiques, etc.), exploitées à des fin mercantiles.
Des technologies matures au fort potentiel
L'accès aux nombreuses données disponibles constitue aujourd'hui la base d'un système de surveillance. La récupération et l'exploitation croisée des banques de données (gouvernementales, d'entreprise, d'associations, etc.), des capteurs des services de transports (aéroports, trains, autoroutes, etc.) et d'Internet (forums, réseaux sociaux, etc.) permettent de disposer d'une véritable mine d'informations que les individus émettent que ce soit au niveau physique (trajets, gestes, etc.) et personnel (opinions, messagerie, etc.). Plus ils interagissent avec ces systèmes, plus leur "rayonnement" d'information permet une analyse fine et précise.
L'utilisation de technologies telles que le big data, la biométrie et l'intelligence artificielle permettent désormais de mettre en place un système de surveillance pouvant se focaliser sur un périmètre géographique (rue, batiment, ville, etc.), des particuliers ou bien des groupes d'individus, sans aucune limite sur les critères de ciblage et leurs champs d'application.
L'avènement des Smart-Cities comme pilier de la surveillance
C'est la refonte de la ville, telle que nous la connaissons aujourd'hui, en Smart-City (ville intelligente ou connectée) qui permettra d'assurer une expansion homogène des systèmes de surveillance. En effet, le déploiement d'équipements d'infrastructures de plus en plus connectés et intelligents permettra de renforcer et systématiser la collection de données, chaque fois de façon plus efficace. Caméras, compteurs électriques et autres services administratifs, apportant leurs lots de nouveautés pour l'amélioration des milieux urbains, seront dans le même temps autant de vecteurs de collecte adoptés par les citoyens.
Ce développement amène certaines association à s'interroger sur les intentions des collectivités dans cette conquête du savoir et leur aspect potentiellement néfaste si il était utilisé autrement que pour améliorer le quotidien via des services intelligents et assurer la sécurité publique. Le manque d'information sur ces dispositifs et leur impact sur la vie privée est aussi au coeur du débat.
Qu'elle soit bonne ou mauvaise, les piliers de la surveillance de masse se sont suffisamment développés pour s'imposer aux populations et faire partie du monde de demain. Leur potentiel d'exploitation illimité suscite un appétit féroce dans tous les domaines étatiques et industriels.